
Mais faisant fi de cette expertise officielle qu'il rejette, le fabricant vient d’annoncer qu’il entendait maintenir sa communication. Son PDG, Maurice Penaruiz, qui a déjà annoncé qu'il allait contester juridiquement l'avis de l'Anses « sur le fond et sur la forme », confirme qu’Outox(R) est bien un « safety drink [3] » qui permettrait « d’accélérer la baisse naturelle du taux d’alcool et de prévenir les lendemains difficiles » (sic !).
L’Anses avait été saisie par la direction de la consommation (DGCCRF) en juillet lors du lancement de la boisson. Suite à une mise en demeure adressée à l'entreprise par le secrétaire d'Etat en charge du Commerce de se conformer à la réglementation européenne, le fabricant avait déjà été contraint une première fois de modifier ses slogans pour se conformer aux exigences de la DGCCRF, qui doit désormais à nouveau statuer.
Cet avis de l'Anses ne fait quand à lui planer aucun doute sur l'efficacité supposée de cette « boisson dégrisante » :
- la composition du produit n'a pas été précisée et la méthodologie de l'étude fournie par le professionnel n'est pas appropriée ;
- les réductions du taux d'alcoolémie observées sont d'une amplitude trop faible et sont trop variables pour réduire les conséquences, notemment comportementales, induites par l'alcool ;
- l'Anses a également fait la synthèse des données existantes quant aux effets du fructose et de la vitamine C sur l'alcoolémie. Elle indique que ces études ne permettent pas de conclure quant à l'effet de ces nutriments sur l'élimination de l'éthanol ;
- en conclusion, l’agence considère que l'allégation relative à la baisse de l'alcoolémie n'est pas fondée scientifiquement et n'est donc pas recevable.
Pour la CLCV, Outox(R) dépasse les bornes et nous appelons les pouvoirs publics à ne pas céder à ce passage en force. Il est d’ailleurs scandaleux que le fabricant prétende que l’Anses n’a pas de compétence pour se prononcer alors que l’agence a été saisie expresément par Bercy !
Sur le fond, il convient de rappeler qu’Outox(R) tombe sous le coup de la réglementation européenne de 2006 sur les allégations santé. Dans ce cadre, il est prévu que seuls des produits dont les vertus ont été jugées crédibles par les instances d’expertise puissent être commercialisés. Le professionnel a, semble-t-il, bien déposé un dossier auprès de l’agence européenne de sécurité alimentaire. Mais l’avis de cette dernière et sa traduction en termes réglementaires ne sont pas attendus avant de longs mois et, d’ici là, l’entreprise compte bien continuer à vendre son élixir.
[1] "Outox(R) : un produit mensonger et irresponsable"
[2] "La boisson « dégrisante » qui ne fait que Pschitt !"
[3] "Boisson sécurité"
Source : Le Point sur la table (www.lepointsurlatable.fr)