
Une nouvelle réglementation sur l’étiquetage des produits alimentaires a été adoptée par le Parlement européen et sera progressivement mise en application dans les prochaines années. Elle vise en particulier l’amélioration de la lisibilité des étiquettes, l’information sur les allergènes, sur la composition nutritionnelle des denrées alimentaires transformées préemballées, sur l’origine des viandes, sur les modes d’achat à distance du type Internet…
Au niveau européen, le souci de l’étiquette ne date pas d’aujourd’hui. Dans les 27 Etats membres de l’Union (plus la Turquie), une enquête a testé pas moins de 37.000 produits alimentaires [1]. Environ 85 % d’entre eux avaient un étiquetage ou une information nutrition au dos de l’emballage et 48 % sur le devant du paquet. Les enquêteurs délivraient plutôt une bonne note aux opérations d’étiquetage.
Un vent d’optimisme peut même souffler quand on étudie l’efficacité des étiquettes en laboratoire dans un petit groupe de consommateurs [2]. Combinée à une séance d’éducation nutritionnelle, la lecture des étiquettes se révèle productive : elle semble pouvoir diminuer les excès d’apports énergétiques d’aliments de toutes sortes.
Vraiment utile pour le consommateur ?
Il en va sans doute un peu différemment dans la vie réelle. Les enquêtes déplorent souvent le manque d’attention porté à l’étiquette. Des expériences menées dans différents pays montrent que les consommateurs ont une appréciation positive sur les tableaux de composition nutritionnelle. En pratique, ils leur accordent cependant peu d’attention et ils ne les stimulent guère pour choisir des aliments plus sains. Les sujets les plus réceptifs sont ceux qui se montrent très préoccupés, voire obsédés par leur santé [3]...
Dans une étude menée aux Pays-Bas, on a cherché à sensibiliser les spectateurs d’un cinéma sur la contenance des canettes ou bouteilles de sodas [4]. On s’est aperçu que l’information nutritionnelle et les recommandations sur les apports caloriques n’avaient pas d’effet sur la consommation de boissons sucrées ni sur le choix de « formats » plus petits…
Un peu partout en Europe, on va donc disposer d’un étiquetage de plus en plus présent et performant. Mais il semble qu’il ne suffise pas - même si c’est légitime - d’améliorer l’information du consommateur. Son éducation est tout aussi primordiale : il faut arriver à lui faire prendre conscience de l’utilité de cette information et à s’en servir pour lui-même !
Zoom sur es nouvelles règles
L’objectif est d’améliorer l’information du consommateur et de mettre à sa disposition des étiquettes à la fois simples et lisibles. La nouvelle réglementation regroupe aujourd’hui les exigences en matière d’étiquetage informatif et d’étiquetage nutritionnel. Elle aborde 5 points majeurs.
- L’amélioration de la sécurité des personnes
souffrant d’allergie alimentaire
est recherchée. L’information
sur les allergènes les plus courants
devient obligatoire sur les produits
non préemballés, ce qui est novateur.
Pour les produits préemballés,
l’obligation existait déjà, mais il est
maintenant demandé que l’information
soit clairement mise en évidence
dans la liste des ingrédients.
- L’information sur la composition
nut rition n elle de vr a systéma tiqueme
nt figurer sur la plupart des
denrées alimentaire s transformées
préemballées, ce qui est aussi une
innovation importante. Elle mentionnera
les teneurs en énergie, glucides,
lipides, acides gras saturés, sucres et
sel. Depuis les années 90, l’étiquetage
nutritionnel était facultatif et seulement
obligatoire en présence d’une
allégation nutritionnelle ou de santé.
- L’origine des différents types de
viande (porcine, ovine, caprine et volaille)
devra à terme être mentionnée,
comme c’est déjà le cas pour le boeuf.
- L’information des consommateurs
sera adaptée à l’évolution des modes
d’achat. Pour les achats sur Internet
ou tout autre mode de vente à distance,
il est fait obligation de fournir
au consommateur, avant la commande,
l’accès à toutes informations
sur les produits qu’il souhaite acheter.
- La lisibilité des informations devra être améliorée sur la quasi totalité des denrées alimentaires : taille minimale des caractères, aspects de contraste, couleurs, etc….
La restauration collective et commerciale e st-elle concernée ?
Le texte n’impose pas aux rest aurateurs de fournir une information sur les menus et les plats pro posés. Par co ntre, il prévoit l’obligation pour les fournisseurs de la restauration collective et commerciale de donner une information nutritionnelle ou tout autre type d’information sur les denrées. L’objectif est d’informer au mieux tous les opérateurs de la restauration collective ou commerciale sur les aspects nutritionnels des produits, la présence éventuelle d’allergènes, etc. Tous les produits qui sont remis préemballés à la restauration collective et à la restauration commerciale sont visés. Les clients des restaurants et des cantines pourront être informés (s‘ils le demandent) à partir des données mises à la disposition des restaurateurs, mais cette information n’est pas prévue de manière sys tématique et obligatoire.
Quand la nouvelle réglementation entrera-t-elle en application ?
Le texte du Règlement (UE) n° 1169/2011 vient d'être publié au journal officiel de l'Union européenne le 22 novembre dernier. Les délais d’application seront relativement souples : étant donné les évolutions importantes de la réglementation, il convient de permettre à tous les opérateurs de se mettre en conformité avec elle. Pour l’étiquetage général, les nouvelles mesures deviendront obligatoires 3 ans après la publication du texte. Pour l’étiquetage nutritionnel, le délai sera porté à 5 ans, car il s’agit d’une évolution majeure avec obligation juridique. Par contre, les professionnels qui le souhaitent pourront commencer à appliquer les nouvelles règles avant ces délais de 3 ans et 5 ans. Pour l’étiquetage nutritionnel, le passage à la nouvelle réglementation pourra se faire 3 ans après la publication du texte, à condition de s’y conformer strictement et de ne plus suivre les dispositions encore en vigueur.
chef adjoint du bureau nutrition et information sur les denrees alimentaires (DGCCRF), Paris
Références
- European Journal of Clinical Nutrition, volume 64, n° 12, p. 1379-1385.
- Journal of the American Dietetic Association, volume 110, n° 7, p. 1094-1097.
- Appetite, volume 57, p. 148-160.
- BioMed Central Public Health, volume 11, n° 438.